A LA VIE PROCHAINE   par Bernard ELMIRA

A LA VIE PROCHAINE   par Bernard ELMIRA

SUITE CHAPITRE 1

 

 

Bien ! Mais qu’est-ce qui s’est passé ? J’ai l’impression d’avoir fait un rêve. Ça se passait pendant la révolution et je discutais avec ma mère. Enfin, ce n’était pas ma mère. Je ne sais plus.

Ce que vous avez fait s’appelle une régression dans une vie passée. C’est une technique que j’ai apprise aux Etats-Unis avec un grand maître en la matière : Henry-Leo Bolduc. Il a écrit plusieurs livres sur le sujet qui me sont très utiles. C’est un homme d’une gentillesse et d’une générosité rares. Peut-être grâce aux centaines de régressions qu’il a fait faire dans sa vie.            

Bon ! Tout cela est nouveau pour vous. Toute la séance a été enregistrée sur cassette audio. La cassette vous appartient. Écoutez-la attentivement. Soyez à l’affût de tout lien avec cette vie présente. Peut-être découvrirez-vous la réponse à votre question. Vous avez ouvert un canal en vous. Restez attentif aux coïncidences, aux événements étranges qui pourraient survenir, aux idées bizarres, aux gens inconnus qui croisent votre route. Tout peut être porteur d’un message pour vous et, éventuellement, d’une réponse à votre question. Un livre aperçu à la devanture d’une librairie, une phrase entendue à la radio, etc. Avez-vous des questions ou des commentaires ?

Je crois que je suis un peu abasourdi, pour le moment. Je vous rappellerai plus tard, peut-être.

Oui ! C’est préférable. Il vaut mieux découvrir les choses soi-même. Elles sont mieux acceptées. Mais je reste à votre disposition pour plus d’éclaircissement si vous en ressentez le besoin. Au revoir et bon travail !

 

Au moment de partir, Évelyne rappelle à Bernard qu’il doit payer la séance. Bernard s’excuse et fait un chèque. La voyante sourit car ça lui arrive bien souvent que, la première fois, le client s’en aille sans payer, tant il est bouleversé. Jusque là, tous ont rappelé par la suite, au téléphone, pour s’excuser.

 

Ils montent dans la voiture et Bernard observe qu’Evelyne n’attache sa ceinture qu’une centaine de mètres plus tard. Il lui en fait la remarque et elle répond en riant que, dès qu’elle se met au volant, il faut qu’elle démarre tout de suite. Elle ne met sa ceinture que lorsqu’elle n’a plus à changer ses vitesses. C’est une habitude qu’elle a prise avec son père qui détestait la ceinture car, disait-il, elle causait plus d’accident qu’elle n’en évitait. Il lui signale que, outre qu’elle peut récolter une amende et des points en moins sur son permis de conduire, ça peut être dangereux. Elle rit.

 

Sur le chemin du retour, Bernard veut écouter la cassette. En entendant sa voix, tous les détails de ce qu’il avait pris pour un rêve lui reviennent en mémoire. Il est bien obligé de croire ce qu’il entend. Il reconnaît sa voix mais il n’arrive pas à comprendre comment c’est possible. D’où a-t-il sorti ce dialogue ? L’a-t-il inventé, poussé par quelque manipulation de la voyante ? Il peut bien comprendre que la scène se passe au moment de la révolution puisqu’il est spécialiste de Louis XVI. C’est plus facile pour lui ! Encore que ! Il connaît très bien l’art  de cette époque mais l’histoire politique pas forcément mieux que tout autre.

 

Comme ils arrivent chez lui, il invite Évelyne à prendre un café. Tout en mangeant quelques biscottes avec du beurre et de la confiture, il lui fait part de son scepticisme.

 

Qu’est-ce que tu penses de tout ça ? Tu as déjà vécu ça, toi ?

Non ! Elle ne m’a jamais fait faire de régression. Je savais qu’elle en faisait, mais je n’ai jamais osé lui en demander car j’avais un peu peur. Je ne savais pas qu’elle t’en ferait faire une. Il faut dire, que chaque fois, je venais pour résoudre un petit problème ponctuel. Elle utilisait d’autres méthodes : les tarots ou la boule de cristal. Quelquefois, la lecture d’aura. C’est ce qu’elle t’a fait lorsqu’elle t’a serré la main. Elle a regardé tes yeux et ton aura. C’est sans doute ce qui l’a poussée à te faire faire une régression. La réponse à ta question se trouve dans la conversation que tu nous as rapportée. Il faut que tu la réécoutes.

Mais j’ai du mal à lui accorder de l’importance tant que je ne comprends pas ce qui s’est passé. Elle a dit que tu pourrais m’expliquer.

Tu parles de la réincarnation ?

Oui, bien sûr ! Pour que cette conversation ait de l’importance, pour moi, il faut qu’elle ait vraiment existé en son temps. Apparemment, c’est le concept de réincarnation qui l’explique. Donc, je voudrais en savoir plus là-dessus.

Tout d’abord, je te dirais que je crois en la validité de ce concept car il me permet d’accepter certaines atrocités de cette vie qui sinon seraient totalement insupportables. Pour moi, c’est une vraie philosophie capable de me donner une vision cosmique de ma présence sur terre. Mais, chacun doit se faire sa propre opinion et je ne tiens pas à essayer de convaincre qui que ce soit. Chacun est libre d’envisager la vie comme bon lui semble. En premier, je vais schématiser car ce concept est très vaste et il faut l’aborder petit à petit. Au fur et à mesure des questions, tu pourras l’approfondir. Effectivement, j’ai des livres que je pourrai te prêter si tu le désires. Ce que je vais te dire, c’est ce que j’en ai compris. Tu pourras trouver d’autres approches. Pour que tu comprennes plus facilement, je vais commencer par le commencement :

 

En général, lorsqu’on parle de l’univers, celui des scientifiques, on veut parler de l’ensemble des planètes, étoiles, galaxies, poussières cosmiques, etc. et de l’espace dans lequel elles baignent et se meuvent. C’est l’univers physique ou matériel. Mais il existe un autre univers qui interpénètre celui-ci. Il s’agit de l’univers conscient que peu de scientifiques reconnaissent. Ces deux univers sont imbriqués et à eux deux ils constituent ce que certains appellent « dieu ». Je passe sur les différents noms que les hommes ont donnés à ce concept : dieu. Mais là encore, il s’agit d’une généralisation abusive car ce dieu n’est en fait que le dieu manifesté ou immanent, c’est à dire celui qui réside au sein de toute chose, au sein de tout être. En effet, chaque être, chaque chose est composée d’une partie de l’univers physique et d’une partie de l’univers conscient, donc de dieu. Mais ce dieu « visible » en tant qu’univers n’est qu’une manifestation d’un dieu transcendant, non manifesté, qui existe dans un non-espace et un non-temps. De lui, on ne sait rien sauf qu’il est éternel et que pour une obscure raison, l’ennui, peut-être, ou le besoin de compagnie, à un certain point de son non-temps, il a décidé de se manifester en extrayant de lui-même un univers, le nôtre. C’est ce qu’on appelle la création.

 

Tout de suite, l’histoire nous intéresse car il s’agit de la nôtre. La première création qu’il fait est l’univers conscient qu’il morcelle en une myriade d’entités. Chacune de ces entités est un minuscule hologramme de dieu et donc, de la même façon qu’un fragment d’hologramme reçoit des informations venues de tous les points de l’objet qu’il représente et fournit la même image que l’enregistrement tout entier, cette petite partie a toutes les caractéristiques de dieu. En particulier tous ses pouvoirs de création et, surtout, la liberté de décider : ce qu’on appelle le libre arbitre. Nous sommes, chacun de nous, une de ces entités. Nous avons chacun notre place dans cet univers parfait et cette place est la nôtre. Nous avons un rôle à y jouer et personne ne peut le tenir à notre place. C’est comme dans un puzzle géant où toutes les pièces sont identiques mais représentent un dessin différent. Aucune pièce ne peut y remplacer une autre bien qu’elle ait l’air de pouvoir se mettre à sa place, car son dessin défigurerait l’harmonie de l’ensemble. Nous avons chacun un dessin et un dessein différents. C’est ce que nous appelons notre idéal, ce que nous recherchons, presque toujours inconsciemment. C’est une tendance primordiale mais souvent cachée qui guide nos choix.

 

De plus, chacun, nous connaissons les lois divines par lesquelles cet univers fonctionne, notamment, les lois d’attraction et de répulsion. Ceci veut dire que, malgré les influences des forces d’attraction et de répulsion, nous avons toujours le choix et le pouvoir de nous y opposer si nous le désirons. Tu comprends, Bernard, c’est très important d’être bien convaincu de cela car c’est ce qui nous permet d’avoir de l’espoir, toujours, quelle que soit la galère dans laquelle nous nous trouvons à un moment donné.

 

Maintenant, c’est au tour de l’univers physique. C’est le big bang ! Dans l’univers physique se forment des entités physiques, corpuscules cosmiques, poussières d’univers qui se regroupent et se séparent au gré des entités conscientes.

 

En effet, nous participons à la création de cet univers depuis le départ. Mais, alors qu’au début nous suivions les plans divins et utilisions les pouvoirs divins basés sur les lois divines pour construire un univers harmonieux, par la suite, certains, nous nous sommes sentis grisés par ce qui semblait être nos pouvoirs. Et, un peu ici, un peu là, nous nous sommes écartés du plan initial pour créer des parties d’univers qui nous paraissaient plus en rapport avec nos souhaits individuels. Nous avions le pouvoir, nous connaissions le fonctionnement des lois et nous en avions la possibilité grâce au libre arbitre. Pourquoi nous en priver ? Mais chaque satisfaction d’un petit plaisir égoïste, chaque déviation du projet initial créait un petit voile autour de notre entité, toujours immaculée. À force de déviations, les voiles s’agrandirent et se disposèrent en couches toujours plus nombreuses et, parallèlement, nos pouvoirs diminuèrent car nous ne recevions plus correctement les attributs de dieu et nous n’étions donc plus aussi réceptifs. L’entité entourée de ses voiles représentant la somme de ses souhaits individuels s’appelle maintenant une individualité. Ou âme.

 

L’individualité poursuit sa route dans l’univers au gré de ses désirs, de ses attirances et de ses répugnances. L’idéal de son entité enfouie sous la couche de plus en plus épaisse de voiles, est oublié bien qu’il tente toujours d’infléchir le libre arbitre dans sa direction comme une boussole têtue indique toujours le nord, quoi qu’il arrive. Alors que l’entité, hologramme divin, savait ce qui se passait dans l’univers entier, l’individualité n’est plus au courant que de ce qui se passe dans la partie d’univers qu’elle a créée. Alors que l’entité était en liaison avec toutes les entités « propres », c’est à dire sans voiles, l’individualité n’est en liaison qu’avec les individualités avec lesquelles elle a interagi.  Elle vit dans un univers restreint. Et la couche de voiles s’épaissit jusqu’à ce que ses pouvoirs de création se rapprochent de zéro. Alors, l’individualité est incapable de revenir en arrière.

 

Pour ne pas perdre ces entités, parties de lui-même, l’univers-dieu élabore un plan de sauvetage. Les individualités retrouveront une partie de leurs pouvoirs de création qu’elles ne pourront exercer que lors de séjours successifs dans des corps humains sur un vaste terrain d’entraînement appelé « terre ». Elles pourront ainsi travailler à déchirer les voiles les uns après les autres jusqu’à ce qu’elles retrouvent leur statut original d’entité. Un type de corps physique est mis au point pour recevoir les individualités et, petit à petit, la terre se peuple d’hommes et de femmes. En effet, alors que les entités et les individualités sont asexuées, les humains sont sexués afin de fabriquer eux-mêmes les corps destinés à d’autres individualités. Ordre leur est donné de croître et multiplier afin d’accélérer le processus de rédemption des individualités. Afin de faciliter le travail des individualités sur terre, elles s’incarnent avec seulement une partie des voiles qu’elles avaient construits et qui les empêchaient de rester en communication avec les autres entités. Ce sous-ensemble de l’individualité qui s’incarne s’appelle désormais une personnalité. Ainsi, la personnalité du bébé homme ou femme est un mélange extrêmement complexe de tendances héritées de l’individualité incarnée et de caractéristiques physiques héritées des parents, au sens très large, du corps devenu son réceptacle.

 

Chaque personnalité se trouve plongée à la naissance dans l’environnement le plus adéquat pour apprendre les leçons qui lui permettront de corriger ses erreurs passées. Au cours de sa vie, selon les choix qu’elle fera face aux événements qu’elle rencontrera, elle pourra améliorer ou détériorer son avenir. Heureusement, de nombreuses vies sont à sa disposition mais, plus vite elle apprendra à se comporter correctement, moins elle souffrira. Tant qu’une leçon n’est pas apprise, elle lui sera présentée encore et encore, inlassablement, « jusqu’au bout de l’éternité », si je peux me permettre cette expression qui n’a pas de sens.

 

Voilà, Bernard, ce que je peux te dire pour le moment sur la réincarnation. J’ai simplifié beaucoup. C’est ma propre compréhension, comme je t’ai dit. Il y aurait encore plein de choses à t’expliquer mais je préfère attendre tes questions lorsque tu y auras réfléchi un peu. Je ne sais pas ce que tu penses de tout ça.

 

C’est une belle histoire ! Un peu invraisemblable, aussi ! Comment sais-tu tout ça ? Il y a longtemps que tu t’intéresses à ça ? Je ne l’aurais jamais cru. Je ne savais même pas que tu croyais en Dieu. Je n’ai jamais entendu dire que tu allais à l’église. Ce matin, je suis un peu abasourdi par tout ce que j’entends.

Eh oui ! On ne se connaît pas. Je crois en Dieu et je ne vais pas à l’église. C’est normal que tu sois déstabilisé au début. Le mode de pensée occidental, matérialiste, rationaliste, scientifique semble aux antipodes de cette philosophie. Et pourtant, bien des scientifiques rationnels y adhèrent parce qu’ils la trouvent logique et optimiste, donc porteuse d’espoir pour l’humanité. Quelle pourrait bien être l’utilité d’une philosophie qui pousserait l’humanité au suicide ? Ou qui ne lui expliquerait pas clairement comment se comporter dans la vie ? Ici, le message est clair : chaque fois que tu es égoïste, tu régresses. Chaque fois que tu aides ton prochain, tu progresses. Et tu as toujours le choix d’adopter l’une ou l’autre attitude. C’est tout !

Il faut que je réfléchisse à tout ça. Je vais réécouter la cassette et essayer de voir si je sais en tirer quelque enseignement.

Très bien ! Je t’appelle samedi au sujet de la réunion de dimanche.

 

Ils s’embrassent et Évelyne s’en va. Bernard rentre seul chez lui, désorienté et fatigué. Il se rappelle comment tout cela a commencé. Il ne se doutait pas, alors, dans quelle aventure il s’engageait ce jour où il a reçu son neveu et filleul, Arnaud, et, plus tard, sa belle-sœur, Evelyne.

 

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